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Fanfano Guercio nous raconte le déroulement d’une journée : « Après la battue, nous nous réunissions au bar Cyrnos appartenant à la famille Gregogna, pour y faire un « spuntinu » et discuter de ce qui s’était passé l’après-midi. Puis nous commencions à dépecer les sangliers près de la fontaine sur la place et on procédait au partage … mais lorsque nous étions plus nombreux, le sanglier était nettoyé et placé au four à Oletta, quartier Salicetu ou à Murato chez Victor Antoni. Une fois cuit, nous retournions au bar Cyrnos de Louis pour manger tous ensemble. Je garde un souvenir excellent de ces moments de rires et de détente et de convivialité … ».
Une carrière de marbre située au lieu dit Muzzello a été exploitée à plusieurs reprises pour révéler deux sortes de marbre. Le Vatican préférait la brèche dorée d’Oletta à la fleur de pêcher qui compose notamment le monument aux morts de Saint-Florent. Plusieurs tentatives d’exploitation de cette carrière eurent lieu, y compris sur les propriétés voisines, sans véritable succès en raison de plusieurs difficultés comme les conditions d’accès et par la suite, des problèmes que l’exploitation intensive auraient pu occasionner sur la chapelle située sur la même colline. La carrière du Muzzellu fut exploitée avant 1914 par une société belge mais la brèche dorée demandait un fort masticage causant ainsi des problèmes de rentabilité. L’exploitation fut reprise après la dernière guerre, sans doute avec des moyens insuffisants car on se contenta de cueillir des blocs se détachant facilement de la masse. On peut voir encore aujourd’hui les vestiges de l’exploitation sur le flanc de cette colline en remontant de Saint-Florent. Cette carrière éphémère a pourtant produit des pièces somptueuses. Un tronçon de colonne de marbre d’Oletta fut exposé à l’Exposition universelle de Paris en 1855 par le marbrier Bertolucci. Des objets furent également envoyés à l’exposition de Londres en 1862. Le marbre fleur de pêcher composa en grande partie le cadeau prévu pour le mariage de Sophia Loren et de Carlo Ponti en Corse dans les années 60. On retrouve le marbre rouge d’Oletta dans l’église Sainte Marie de Bastia notamment. Des blocs sont conservés au musée de Bastia. Références : Livres : Les roches ornementales de Corse (Jean Arrighi Françoise Giorgetti) Editions Le Temps Retrouvé.
« Ma grand-mère a embarqué sur l’Aramis pour un mois de traversée avant d’arriver en Indochine » confie Maryse Guerrini, adjoint au social à la mairie d’Oletta. Aujourd’hui, c’est avec elle que nous tournons et que nous époussetons les pages des albums-photos jaunis par les affres du temps.
Maryse est née à Hanoï. Elle a passé toute son enfance en Indochine jusqu’à l’âge de 12 ans. « Je n’y suis jamais retournée mais lorsque je ferme les yeux, je peux me balader jusqu’au 120 rue d’Arfeuille où nous habitions à Saïgon ou bien Impasse Raynac lorsque mon père (NDLR Dominique Guerrini) était en poste à Hanoï. J’entend les bruits, le chant des femmes, je sens les odeurs … Tout est dans ma tête». Philippe Pagani, militaire notamment en poste en Indochine, écrit une lettre à son fils François en 1977 pour lui raconter l’histoire de son grand-père dont il porte le prénom : François Pagani (Oletta 1872 -1939) :
« Mon bien cher fils (…) j’ai hâte de te parler de ton grand-père puisque tu sembles souhaiter une plus grande connaissance de cet homme. Tu te rappelles le premier vers de la célèbre poésie de Victor Hugo « Mon père, ce héros au sourire si doux… » et bien ce vers s’applique admirablement à François Pagani (…). Il s’engage à l’âge de 18 ans dans le 8ème régiment d’infanterie de Marine à Toulon. (…) En 1891 il est déjà caporal et s’embarque pour le Soudan où il s’agit d’aller porter secours au Général Bonnier(…) ».
François Pagani se distingue dans une bataille pour la prise de Djenné ( 11 et 12 avril 1893). Dans son livre « La Force noire », le Lieutenant-colonel Mangin rapporte : « Le caporal Pagani, à cheval sur un pan de mur, blessé d’un coup de lance à la jambe, continue à tirer à bout portant sur les toucouleurs qui l’assaillent … »
Pagani est nommé sergent à 21 ans, adjudant à 24 ans. Il rentre quelques temps à Oletta puis repart en Indochine, en Annam, dans la cité impériale Hué.
L’Annam désigne un protectorat français de 1883 à 1945 dans la région au centre du Viêt Nam actuel. En 1907, L’empereur Than Tai est accusé de folie par les autorités coloniales françaises qui le contraignent à abdiquer en faveur de son fils de 8 ans, Duy Tân. Ce dernier prendra la tête d’un soulèvement contre l’administration coloniale française en 1916. Il est alors âgé de 17 ans. La tentative échoue et le jeune empereur est contraint à l’exil à La Réunion.
« Mon père devenu Inspecteur de la Garde Indo-Chinoise (à Hué), grâce à son galon de sous-lieutenant m’emmenait parfois au palais impérial, où il était chargé d’inspecter la petite brigade de la garde impériale, calquée sur la nôtre (…). Un de ses derniers exploits guerriers, a eu lieu précisément à Hué. Le Vietnam n’existait pas, mais dans ce centre-Annam, l’esprit monarchique était demeuré puissant. Le jeune Empereur Duy Tan, 18 ans, s’était laissé endoctriné par d’autres mandarins, membres de la secte du « vieil Annam » et prêta la main à un coup de force contre l’autorité française. Le complot échoua et le jeune souverain s’enfuit avec ses fidèles dans la forêt de la chaîne annamitique toute proche. Mon père fut désigné pour poursuivre et arrêter ce mouvement susceptible de s’étendre. En 15 jours l’affaire fut réglée, mon père ayant simplement exigé qu’on lui laissât choisir les hommes de sa brigade. Sans qu’aucun mort ne fût à déplorer, les meneurs et le jeune empereur furent faits prisonniers. Le gouverneur qui appréciait ton grand-père le chargea alors de conduire l’empereur Duy-Tan sous escorte sur un vapeur de la douane, de Tourane à Saigon (d’où le souverain fut exilé à La Réunion). Et bien pendant ces 4 jours de traversée, le comportement de mon père fut tel que le jeune empereur s’attacha à lui et lui remit en signe de confiance comme souvenir deux magnifiques médailles commémoratives de son règne (or et argent avec franges de soie multicolores). »
« Mon père a fait venir au Tonkin 4 de ses frères qui travaillèrent dans l’administration. De même que deux fils de la famille Rivarola »
Philippe Pagani, 20/12/1977
En effet, Constantin de rivarola dit «Didi » partit avec son frère Basile. « Ils prirent dans un premier temps la gestion d’un bistrot avant d’obtenir la gestion de deux des plus grands hôtels de Haïphong dont ils firent un peu plus tard l’acquisition »(P.Pagani). Tous les Olettais se rencontraient chez les Rivarola.
Joseph Ghirlanda, caporal-chef, né à Oletta le 20 février 1911, le père de François Ghirlanda (voir article dans précédent petit journal) est parti en Indochine en 1938. Il y est resté jusqu’en 1947. Prisonnier des japonais dans un camp, il réussit à s’évader mais il est à nouveau fait prisonnier dans un camp où il voit le médecin-capitaine Bonavita, père du docteur Joseph Bonavita.
Ghirlanda a eu l’occasion de voir aussi en Indochine un compatriote olettais Paul Guidi qui occupait les plus hautes fonctions. Paul Guidi était en effet gouverneur en Indochine puis ministre plénipotentiaire. Son fait d'armes le plus retenu a été de faire sauter par un torpilleur les ponts du Mékong pour retarder l'avance japonaise. Fait prisonnier par les Japonais, l'ordre avait été donné de lui trancher la tête mais une mauvaise transmission lui a sauvé la vie.
Parmi les membres de la famille Bassi, citons Augustin Bassi, Commandant et Jean André Bassi (né le 25 janvier 1925 à Oletta), Caporal-chef au Régiment Mixte du Cambodge. Il est porté disparu au cours d’une patrouille en pleine Guerre d’Indochine, le 10 septembre 1947 à Peam Chor, province de Kandal (Cambodge) en 1947. Beaucoup d’autres partirent en Indochine : Jean Macchini dont nous avions déjà parlé dans un précédent bulletin, Jean-Marc Saliceti, Mathieu Montaggioni, François Morati, Caporal-chef, Légion d’honneur, Sauveur Ninu, Jean-Baptiste Rimassa, Mathieu Rimassa, François Rimassa, Jean Romanacce, Pelloni Lazare (voir photo,Miramas), François Colonna, André Louis Santucci (voir photo), Mr Sadoul, Capitaine en Indochine, Mr Sénéchal, Lucien Capponi, Adjudant-chef Légion d’Honneur (Grenoble), Lucien Philippe Montiggiani, né à Toulon 1912, originaire d’Oletta, parti en Indochine en 1938 (Voir photographie) et, Jean Franchi dont il convient de dire quelques mots. Jean Franchi est né à Oletta le 9 mars 1915. Lieutenant nommé A-C du 25-3-46 groupement blindé du Tonkin, il avait participé à la campagne de France 39-40. Prisonnier évadé en 1942. A organisé la résistance contre l’occupant de 1942 à 1943. A rejoint l’A.N et a été affecté à la 2ème DB. Telles sont les notes du Général Leclerc que Jean Franchi admirait. Volontaire pour les opérations en Extrême Orient. Tué à l’ennemi le 21 décembre 1946 à Hanoï. Le 27 février 1948, le père de Jean Franchi, Dominique reçoit une lettre de Saïgon du Général de Division SALAN dont l’objet est le suivant : Décès du lieutenant Franchi Jean. « Monsieur, par votre lettre du 17 novembre, vous avez voulu me demander plusieurs renseignements relatifs à votre fils tué au combat le 21 décembre 1946 à Hanoï. J’ai l’honneur de vous faire connaître que j’ai aussitôt prescrit une enquête dont les résultats me parviennent. Voici les circonstances de son décès extraits du rapport de son Commandant d’unité : « Le lieutenant Franchi Jean, commandait la 3ème section de la 2 ème Cie du Bataillon porte lors du déclenchement des évènements de Hanoï du 19.12.46. Sa mission était d’occuper la Résidence, siège d’Ho Chi Minh et c’est dans l’après midi du 26, vers 16h 30, qu’il fut mortellement frappé par une balle en pleine tête au moment où il mettait en place un dispositif de protection. Son corps n’a pu être évacué sur le champ et ce n’est qu’à la nuit qu’on a pu aller le chercher. Il a été tué exactement dans la cour située entre la Résidence et la nouvelle poste. L’inhumation a eu lieu à l’hôpital Lanessan et en fin du mois de mars son corps a été transféré au cimetière de Hanoï (…) Le lieutenant Franchi a fait l’objet d’une proposition de nomination dans l’ordre National de la Légion d’honneur à titre posthume pour services de guerre exceptionnels. Cette nomination lui a été accordée par décret en date du 30.08.1947, publié au Journal Officiel du 04.09.47 . Les corps de Jean Franchi et d’un autre officier olettais Antoine François Negri sont rapatriés le 1er mars 1949 à Oletta pour y être inhumés lorsd’imposantes funérailles. Voici un extrait du discours du maire d’Oletta, François Agostini aux obsèques concernant Antoine François Negri : « Né à Oletta le 11 mai 1925, Negri Antoine François part pour l’Extrême Orient avec l’ardeur de ses vingt ans … Incorporé au 6ème régiment d’infanterie coloniale, il est très vite remarqué et nommé caporal-chef. Le 20 décembre au cours du nettoyage de Hanoï, il participe volontairement à l’attaque d’un important nid de résistance ennemie entrainant ses hommes, au plus complet mépris du danger et il tombe mortellement frappé au moment où il réussissait à atteindre, à la tête de ses hommes, l’objectif désigné. Cité à titre posthume, à l’Ordre Général du Corps d’Armée, il a été décoré de la Croix de Guerre avec étoile de vermeil » avec comme finale de citation « bel exemple de courage, combattant d’élite ayant fait preuve d’un esprit d’abnégation, particulièrement admiré de tous ». Ce jour du 1er mars 1949, le camion transportant les corps arrive à 10 heures. Le cortège se forme. Huit anciens combattants ouvrent la marche. Les décorations étaient portées : celles du Lieutenant Franchi par Augustin Bassi qui a brillamment combattu en Indochine et celles du Caporal-chef Antoine Negri par Capponi Jacques également combattant valeureux en Indochine.
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